J'aime beaucoup l'aspect des coupes d'onglet mais aussi la résistance des assemblages avec tenon et mortaise et je me demandais s'il serait possible de combiner les deux avantages. Je voulais un assemblage qui puisse être réalisé à la machine pour sa précision et sa répétabilité mais qui soit aussi faisable sans besoin d'outils spécialisés. Une lame de scie uniquement suffit à la réalisation de l'assemblage suivant mais ce dernier demande bien plus de temps de fabrication que les méthodes classiques.

Les tenons sont placés en bout des traverses et les mortaises dans les montants. J'ai commencé par dégager un tiers de l'épaisseur des traverses et deux tiers des montants. Après avoir fixé le protecteur de tenonneuse sur le chariot coulissant et le protecteur de lame adéquat, j'ai réglé le guide indexable de chariot à 45° et formé l'onglet pas à pas avec des passes d'environ la moitié du trait de la lame de scie puis ai poncé les épaulements pour obtenir une surface plane.

J'ai réalisé la forme de l'épaulement droit avec le guide orientable à 90° et un premier trait de scie sur la toupie puis ai dégagé la joue avec une seconde coupe sur la scie. Cette dernière coupe s'est avérée un peu délicate et j'ai évité de retirer trop de matière afin de permettre de futurs ajustages.

Puis j'ai réalisé les mortaises au ras de la joue basse des montants et légèrement décalées, juste au cas où je changerais d'avis et préfèrerais moulurer le coté interne. Içi, comme souvent, les accessoires de la table de mortaiseuse m'ont facilité la tâche.

Les tenons ont été sciés en fonction des dimensions des mortaises et j'ai effectué des assemblages à blanc jusqu'à obtenir un aspect correct des onglets et un bon ajustage des tenons et mortaises. Néanmoins les traverses avaient tendance à légèrement se soulever du coté externe, probablement en raison de la grande surface de contact entre les joues.

L'usinage des rainures a soulevé un problème car la rainure des montants ne devait pas déboucher à l'extérieur. Je n'avais jamais encore effectué de travail arrêté sur la scie circulaire mais la faible profondeur de coupe m'a laissé pensé que l'opération pourrait être réalisée avec les protecteurs adéquats. J'ai installé un protecteur pratique à partir d'une chute de lambris vissée sur les brides de serrage du chariot. Si une situation imprévue venait à surgir mes doigts ne pourraient pas atteindre les dents de scie. J'ai attaché une butée au début de la joue du guide et en ai fixé une seconde à l'arrière de la table. La pièce de bois appuyée contre la buté de départ, je l'ai abaissé jusqu'à ce qu'elle soit complètement en contact avec la table et l'ai maintenu en appliquant une pression verticale d'abord avant la lame puis ensuite après. Pendant ce temps je poussais le bois à l'aide du poussoir à poignée déportée jusqu'à ce qu'il atteigne la butée arrière. Bien entendu la toupie est mieux adaptée dans un telle situation et d'un point de vue de sécurité, surtout avec ses butées pour travail à l'arrêt.

La plate-bande à congé large pouvait maintenant glisser dans les rainures du cadre et il restait à fabriquer la moulure rapportée à congé puis assembler le panneau. La solidité du joint m'a tellement surpris que je me suis dit que je conserverais cette technique pour d'éventuels futurs besoins.